Obésité infantile : l’importance d’une prise en charge multidisciplinaire

Obésité infantile
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Dans le but de proposer une prise en charge structurée et multidisciplinaire aux enfants et adolescents souffrant d’obésité, le Centre Hospitalier de Luxembourg (CHL) collabore depuis plusieurs années avec d’autres institutions (Rehazenter, Hôpitaux Robert Schuman…). Le Dr Carine De Beaufort, médecin spécialiste en Endocrinologie/Diabétologie Pédiatrique au CHL, évoque avec nous les avantages de cette collaboration en réseau et les perspectives d’amélioration de cette offre de soins. 

L’obésité infantile au niveau mondial

L’obésité/surcharge pondérale touche environ 20 % de la population infantile. Le rapport  Health Behaviour in School-Aged Children (HBSC, initié en 1983) montre une augmentation du nombre d’enfants touchés par un problème d’obésité/surpoids dans presque tous les pays participants entre 2002 et 2014. Au Luxembourg, il y a une prévalence plus importante chez l’enfant en situation socio-économique défavorisée (www.HBSC.org: WHO_ObesityReport_2017_v3.pdf).  

Au niveau mondial (y compris au Luxembourg), le nombre de jeunes présentant une obésité a été estimé à 107,7 millions. Dans plus de 70 pays, il y a une multiplication par deux du nombre de jeunes atteints (GBO NEJM 2017). « Pour 2020 et 2021, il reste encore à déterminer les conséquences exactes de la pandémie sur l’obésité des enfants et des adolescents. L’anxiété et la dépression dont souffrent de nombreux jeunes depuis le début de la crise sanitaire ont des répercussions directes sur leurs habitudes alimentaires (hyperphagie, consommation excessive de produits sucrés…). À côté de cela, s’ajoute également une diminution de l’offre d’activités sportives disponible. Certains enfants arrivent à gérer leurs poids, mais d’autres sont malheureusement plus en difficulté. », nous explique le Dr Carine De Beaufort.  

Une maladie multifactorielle

L’obésité est ce que l’on appelle une maladie multifactorielle : son apparition est due à différents facteurs qui peuvent ou non interagir entre eux. Dr Carine De Beaufort : « Parmi les causes de l’obésité infantile, on peut citer la prédisposition génétique, le manque d’activité physique, une alimentation déséquilibrée, des troubles psychologiques, une maladie rare… On sait que certains enfants sont plus à risque, notamment ceux qui ont eu un retard de croissance in utero ou un poids élevé à la naissance. Il existe également un lien avéré entre l’obésité précoce des enfants en bas âge (qui apparaît avant l’âge de 2-3 ans) et  le microbiome intestinal. La prise en charge de l’obésité infantile est complexe. En tant que professionnels de la santé, notre rôle est donc de déterminer quel(s) facteur(s) joue(ent)le plus chez nos jeunes patients, et comment nous pouvons les aider au mieux avec la mise en place d’une approche multidisciplinaire. »

Obésité et risques

La prise en charge de l’obésité infantile est un enjeu de santé publique au Luxembourg. Il faut dire que les conséquences du surpoids et de l’obésité sur la santé physique et la santé mentale des enfants et des adolescents sont importantes. En effet, il faut garder à l’esprit que l’obésité infantile augmente le risque pour un enfant de voir son obésité persister à l’âge adulte. Il faut également tenir compte des conséquences métaboliques induites par l’obésité, en particulier le diabète de type 2. « Il persiste encore l’idée au sein du grand public que le diabète de type 2 est une maladie réservée uniquement à l’adulte. Or, de grandes études scientifiques réalisées aux USA ont montré que ce diabète de type 2 chez les adolescents obèses est beaucoup plus agressif et évolue rapidement. En l’espace de 4 à 5 ans, il peut mener à des complications sévères (dyslipidémies, problèmes cardiovasculaires, hypertension artérielle…). Au Luxembourg, nous observons de plus en plus de jeunes qui ont déjà cette insulino-résistance ou un pré-diabète. », précise le Dr Carine De Beaufort. 

Outre les risques cardiovasculaires et le risque d’hypertension artérielle, les enfants obèses ont des difficultés pour se mobiliser et ont souvent des problèmes articulaires. Le Dr Carine De Beaufort témoigne : « Dans le cadre des évaluations faites par nos kinésithérapeutes à la Clinique de l’Obésité Infantile de la Kannerklinik, nous voyons des jeunes enfants qui ne sont plus capables de réaliser un test de marche de 6 minutes. C’est assez inquiétant. »

Chez les filles, l’obésité peut entrainer des troubles du cycle menstruel. Elles sont également sujettes au syndrome des ovaires polykystiques, en raison d’une augmentation du taux d’insuline dans le sang. 

Enfin, l’une des conséquences majeures de l’obésité chez l’enfant et l’adolescent est sans conteste la stigmatisation dont ils souffrent et les conséquences psychologiques qui en découlent.

Travailler en réseau

Une prise en charge structurée et multidisciplinaire est nécessaire pour ces enfants qui souffrent d’obésité. Depuis plusieurs années, des équipes multidisciplinaires ont collaboré pour développer un programme de prise en charge des enfants présentant un problème de poids.

En partenariat avec le Service National de Psychiatrie Juvénile (HRS), le Rehazenter, le LIH, l’Université de Luxembourg et la Clinique de l’Obésité Infantile de la Kannerklinik, le programme MOving TOgetheR a pu être mis en place. En 2020, la Clinique de l’Obésité Infantile a pu ouvrir ses portes aux enfants et leur famille. Actuellement, elle leur propose des consultations et des prises en charge individuelles ciblées mais également une orientation vers le Rehazenter ou vers un programme d’été à l’hôpital de jour de psychiatrie juvénile pour des prises en charge plus intensives et en groupe. 

Dr Carine De Beaufort : « Après la réalisation d’une anamnèse effectuée par une infirmière coordinatrice, un bilan sanguin et les retours de l’équipe multidisciplinaire de la Clinique de l’Obésité Infantile (médecin, kinésithérapeute, diététicienne, psychologue), nous pouvons déterminer quelle est la prise en charge personnalisée la plus adaptée à chaque enfant. L’enfant a-t-il besoin d’un suivi psychologique ou psychiatrique ? Doit-il avoir recours aux compétences d’une diététicienne formée à l’obésité de l’enfant pour apprendre à manger plus sainement ? A-t-il besoin de développer son plaisir de bouger et de trouver une activité physique qui lui conviendrait ? Ou bien sommes nous confrontés à une forme génétique qui nécessite une prise en charge médicamenteuse ? »

Depuis plus de 5 ans, l’hôpital de jour du Service national de psychiatrie juvénile propose une prise en charge multidisciplinaire aux adolescents souffrant de troubles psychiatriques, de troubles alimentaires tels que l’hyperphagie boulimique (binge eating) ou l’obésité sévère. Cette thérapie spécifique et intensive est proposée pendant les vacances scolaires de l’été pour une durée de plusieurs semaines. Elle consiste, entre autres, en thérapie de groupe quotidienne, des entretiens individuels et familiaux avec le pédopsychiatre et les psychologues, ainsi que des séances de thérapie sportive, de thérapie psychocorporelle, de nutritionniste et de thérapie familiale. Cette première phase intensive est ensuite suivie d’un traitement ambulatoire d’un an pour stabiliser les progrès réalisés et éviter les risques de rechute. 

Au Rehazenter, la prise en charge des enfants et des adolescents a lieu deux après-midi par semaine durant une période de 3 mois. Les jeunes participent à des activités physiques pour favoriser leur endurance et leur motricité, tout en développant le plaisir de bouger. Des activités psychologiques (exemple : Mindfulness, pour apprendre à manger en pleine conscience) et des ateliers diététiques sont également proposés. 

Après cette prise en charge multidisciplinaire de 3 mois proposée dans le cadre du programme MOving TOgetheR, la situation clinique de l’enfant devrait évoluer favorablement. « Pour obtenir des résultats probants, la prise en charge thérapeutique doit durer au minimum 5 ans. Au sein de notre Clinique de l’Obésité Infantile, nous assurons un suivi  annuel des enfants et des adolescents. Ils ont aussi la possibilité de demander de l’aide (avis psychologique, diététique…) à tout moment. Ces accompagnements ponctuels sont nécessaires pour leur (re)donner un coup de boost afin qu’ils puissent garder une poids stable à long terme. », explique le Dr Carine De Beaufort qui travaille en collaboration avec le Dr Salima Aarab, pédopsychiatre aux HRS et le Dr Jean Paul Schmiz, médecin spécialiste en médecine physique et réadaptation au Rehazenter.

Nous espérons donner aux jeunes les outils nécessaires à leur auto-gestion. Notre objectif est qu’ils soient en bonne santé, même s’il restent en surpoids. 

Vers une amélioration continue

Dans le cadre du programme MOving TOgetheR, une évaluation de la prise en charge en vue d’améliorer continuellement les pratiques est importante. Dans ce sens, nous espérons de signer sous peu une collaboration avec le LIH qui permettra la mise en place d’un registre dans le but de documenter les soins. Dr Carine De Beaufort s’en réjouit : « Nous aurons ainsi la preuve que notre prise en charge est bonne et nous connaîtrons les possibilités d’amélioration de notre prise en charge en faveur de nos jeunes patients. Recevoir le feed-back des jeunes et des familles sur le programme MOving TOgetheR sera également extrêmement important pour nous dans le futur. »

Quelques pistes d’améliorations déjà envisagées : 

  • Adapter les horaires au Rehazenter pour augmenter l’accessibilité des enfants aux activités sportives en dehors des horaires scolaires. 
  • Identifier des prises en charge de l’obésité aux enfants porteurs d’un handicap mental. 
  • Augmenter le personnel (kinésithérapeute, diététicienne et psychologue) à la Clinique de l’Obésité Infantile de la KannerKlinnik.
  • Pouvoir identifier les enfants qui sont à risque de développer une obésité, agir précocement et améliorer ainsi leur futur.
  • Augmenter la sensibilisation auprès du grand public sur l’obésité infantile et ses conséquences.

Des études scientifiques européennes testent actuellement des médicaments qui permettront de traiter l’obésité chez l’adulte et l’enfant engendrée par une maladie rare. 

Sources : 

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