Je vis avec un diabète : pourquoi est-ce que je prends autant de médicaments ?

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Le diabète est une maladie chronique caractérisée par un trouble du métabolisme du glucose, entraînant une élévation anormale du taux de sucre dans le sang. En cas de diabète, le taux de sucre sanguin dépasse ou est égal à 1,26 g/L. Malgré cette élévation, les organes vitaux tels que le cerveau, le cœur et les muscles présentent un déficit en sucre.

Normalement, le taux de sucre dans le sang se situe autour de 70 mg/dL à jeun ou entre les repas. On parle de « pré-diabète » lorsque le taux de sucre dans le sang se situe entre 110 et 125 mg/dL à jeun ou entre les repas.

Pourquoi dit-on « Les diabètes » ? 

Les diabètes regroupent différentes maladies affectant le pancréas, le foie, ou d’autres organes tels que le tube digestif, les reins, les muscles, voire plusieurs organes simultanément. Dr Catherine Atlan, médecin spécialiste en endocrinologie-diabétologie au CHL, précise : «Il existe en réalité divers types de diabètes, et même dans le cas du diabète de type 2, chaque patient présente des variations spécifiques de la maladie. Cependant, le point commun est que le sucre ne peut plus pénétrer efficacement dans les organes, ce qui entraîne une élévation du taux de sucre dans le sang. La cause du diabèteest ainsi souvent plurifactorielle, impliquant la combinaison de plusieurs organes.»

Le diabète est-il dangereux pour ma santé ? 

Un diabète non contrôlé peut entraîner des complications graves, notamment des problèmes cardiaques (crises cardiaques, accidents vasculaires cérébraux…), des lésions nerveuses (picotements, engourdissements, douleurs…), des maladies rénales (insuffisance rénale…) et des troubles de la vision (atteinte de la rétine, perte de la vue…). 

Comment traite-t-on le diabète ? 

Le traitement personnalisé du diabète repose sur le principe de l’escalade, une approche progressive visant à ajuster la thérapie en fonction de la réponse du patient au traitement

Lorsque le diabète est diagnostiqué, la première étape consiste à prescrire un ou deux médicaments. Ensuite, une analyse de sang, mesurant le taux d’HbA1c (hémoglobine glyquée), est réalisée après 3 à 6 mois pour évaluer le contrôle glycémique. Si le taux d’HbA1c est significativement élevé, le patient est encouragé à surveiller régulièrement sa glycémie, soit par le prélèvement d’une gouttelette de sang au bout du doigt, soit à l’aide d’un capteur de glycémie.

Un taux d’HbA1c élevé est associé à un risque accru de complications. Par conséquent, l’objectif thérapeutique est de maintenir l’HbA1c aussi près que possible de 7%, correspondant à une moyenne de sucre sanguin inférieure à 150 mg/dL au cours des trois derniers mois. Un individu non diabétique présente généralement un taux d’HbA1c compris entre 6 et 6,5%. Il est dès lors crucial d’enseigner au patient à comprendre cette moyenne, bien qu’elle puisse parfois ne pas refléter les variations du taux de sucre tout au long de la journée.  

Si, après quelques semaines, les valeurs de sucre sanguin reviennent à des niveaux acceptables, le traitement est maintenu. Cependant, si le contrôle glycémique reste insatisfaisant, les ajustements sont nécessaires, soit en augmentant la dose du médicament actuel, soit en ajoutant un nouveau médicament. 

Dans le cas d’un diabète de type 2 associé à un excès de poids, la gestion du poids est également un élément clé du traitement. Cela implique une surveillance attentive de l’alimentation, avec une réduction des portions et l’évitement d’aliments susceptibles d’augmenter significativement le taux de sucre, tels que les pâtisseries et les sodas. 

Les différents médicaments utilisés contre le diabète 

Il existe une diversité de médicaments destinés au traitement du diabète, chacun adapté à des besoins spécifiques : 

  • l’insuline: utilisée lorsque le pancréas ne produit plus d’insuline, que ce soit dans le diabète de type 1, le diabète de type 2 ou d’autres types de diabète. Il existe plusieurs types d’insuline, comprenant les versions lentes, longues et rapides,
  • des médicaments favorisant le fonctionnement du foie et des muscles: comme la Metformine et le Glucophage, qui agissent en améliorant la sensibilité à l’insuline,
  • des médicaments stimulant le pancréas: ils visent à soutenir le fonctionnement du pancréas dans la production d’insuline,
  • des médicaments améliorant l’efficacité de l’insuline et réduisant l’appétit: par exemple l’Ozempic,
  • des médicaments favorisant l’élimination du sucre par les reins,
  • des médicaments stimulant la production d’insuline par le pancréas,
  • des médicaments améliorant la réponse des organes à l’insuline.

Dr Atlan : «Cette diversité de médicaments permet une personnalisation du traitement en fonction des besoins spécifiques de chaque individu. Cependant, cela peut signifier que certains patients ont besoin de prendre jusqu’à six médicaments différents pour traiter leur diabète. L’objectif ultime est d’atteindre une régulation normalisée du taux de sucre, et le choix des médicaments dépendra de la situation clinique particulière de chaque patient.» 

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Deux messages du Dr Atlan, destinés aux patients, concernant la prise de médicaments pour le traitement du diabète :

  • évitez d’arrêter le médicament simplement parce que la boîte est vide. Le diabète est une maladie chronique nécessitant un traitement continu,
  • même lorsque les niveaux de sucre dans le sang ou le taux de HbA1c sont satisfaisants, ne suspendez pas votre traitement. C’est grâce au médicament que ces valeurs ont pu s’améliorer. En interrompant le traitement, les niveaux de sucre risquent de remonter.

Le débat sur les effets secondaires et l’arrêt des médicaments

Si des effets indésirables sont généralement prévisibles, les effets indésirables graves sont quant à eux très rares. Dr Atlan: «En tant que médecin, nous devons expliquer aux patients que tous les médicaments contre le diabète ont des effets bénéfiques ainsi que des effets indésirables, parfois plus ou moins tolérables tels que la diarrhée ou le besoin fréquent d’uriner.

Prévenir le patient est primordial pour qu’il ne soit pas surpris ni effrayé, mais au contraire, qu’il reste vigilant. Souvent, il suffira de modifier la dose pour rendre les effets secondaires plus tolérables. Parfois, l’arrêt du médicament est envisagé, mais il devra être remplacé. Dans ce contexte, il est particulièrement important que le patient prenne note des raisons pour lesquelles le médicament n’est plus pris, ce qui s’est passé avec ce médicament, afin que le prochain médecin rencontré ne propose pas le même traitement.»

Pourquoi est-ce que je prends d’autres médicaments que ceux du diabète ? 

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De nombreux patients sont amenés à prendre d’autres médicaments que ceux destinés au traitement de leur diabète, pour les raisons suivantes : 

  • réduire le risque cardiovasculaire en maîtrisant deux facteurs de risque majeurs, à savoir un taux élevé de cholestérol et une hypertension artérielle. Cela implique la régulation du taux de cholestérol LDL et le maintien d’une tension artérielle cible de 130/80 mmHg à 140/70 mmHg chez les personnes qui vivent avec un diabète,
  • traiter les complications du diabète, telles que les atteintes oculaires, rénales, nerveuses (avec recours à des antidouleurs), des gros vaisseaux et du cœur, ainsi que les infections,
  • soigner d’autres problèmes de santé (polyarthrite, ostéoporose, cancer…). Dr Atlan: «Vivre avec le diabète peut s’accompagner d’autres maladies, parfois graves comme le cancer. Or, un diabète mal équilibré accroît le risque de cancer, d’où la nécessité de faire des dépistages réguliers (consultation chez le gynécologue, mammographie, examens de la prostate, etc). De plus, il faut savoir que les traitements contre le cancer peuvent aggraver le diabète en augmentant le taux de sucre, réduisant ainsi l’efficacité du traitement anticancéreux. Une attention particulière doit donc être accordée lors de périodes de chimiothérapie, d’immunothérapie, de corticothérapie, pour maintenir un contrôle optimal du diabète.»

Peut-on espérer une rémission du diabète ?

Dr Atlan répond à la question : «Oui, cela est possible, surtout au début de la maladie, notamment lorsqu’une perte de poids significative est observée chez le patient. Cependant, il est important de noter que cette période de rémission, résultant exclusivement d’un changement radical du mode de vie sans recours à des médicaments, demeure rare. Une surveillance attentive, notamment à travers des mesures régulières du taux moyen de sucre, est donc essentielle. Il faut toutefois rester extrêmement prudent : le diabète est une maladie chronique, et son origine ne se limite pas uniquement au surpoids et à l’obésité. Des facteurs, tels que la génétique, entrent également en jeu dans son apparition.»

L’importance du rôle actif du patient dans sa prise en charge

Le patient est vivement encouragé à prendre une part active dans sa prise en charge en développant une connaissance approfondie des médicaments qu’il utilise pour traiter son diabète. 

Dr Atlan : «Le patient devrait être en mesure d’identifier les médicaments qu’il consomme, d’en connaître le dosage, d’approfondir sa compréhension du mode de fonctionnement des médicaments, de comprendre leur utilité, ou encore d’être conscient des circonstances éventuelles pouvant entraîner leur interruption. De plus, il est vivement recommandé au patient de maintenir une surveillance régulière de ses stocks et de veiller à prendre ses médicaments quotidiennement, même pendant les périodes de vacances.»

Cet article est issu d’une mini-conférence intitulée « Ma vie avec le diabète: pourquoi la nécessité d’une prise abondante de médicaments? » présentée par le Dr Catherine Atlan, médecin spécialiste en endocrinologie-diabétologie au Centre Hospitalier de Luxembourg (CHL), à l’occasion de la Journée Mondiale du Diabète célébrée le 14 novembre 2023.

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